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Avis d’expert en bâtiment d'élevage Guillaume Cailler : "S’adapter à la chaleur est devenu le principal enjeu"

« L’éleveur doit en priorité privilégier la ventilation naturelle et protéger les vaches des rayonnements solaires excessifs », explique Guillaume Cailler, conseiller à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire.

Depuis quelques années, limiter la hausse des températures s’affiche comme le premier objectif lors de la conception et de l’aménagement d’une stabulation.

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« À partir de 25 °C de température ressentie, une vache laitière subit un stress thermique, explique Guillaume Cailler, conseiller en bâtiment à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. L’animal ingère alors moins de nourriture, et l’impact sur sa production est immédiat. C’est un phénomène connu depuis longtemps mais qui causait peu de problèmes auparavant dans nos régions. Avec l’évolution rapide du climat, s’adapter aux pics de chaleur devient désormais le principal enjeu lors de l’étude et de la conception d’une stabulation. Dès le départ du projet, il faut éliminer les sources de rayonnement trop intenses et privilégier tout ce qui pourra apporter une ventilation naturelle. Cela évite d’avoir à investir ensuite dans des équipements coûteux pour rafraîchir l’intérieur. »

Une implantation perpendiculaire aux vents dominants

L’implantation du bâtiment est donc primordiale. Un terrain en hauteur sera ainsi plus exposé au vent et donc mieux adapté qu’une parcelle en fond de vallée, surtout si elle est orientée plein sud ou protégée par des grands arbres. Il est préférable de positionner la construction perpendiculairement aux vents dominants et de laisser des ouvertures dans les longs pans pour favoriser les courants d’air. L'attention doit aussi se porter sur le rayonnement. Si, à une époque, il était conseillé de prévoir jusqu’à 10 % de tôles translucides, la tendance se rapproche désormais des 5 %, voire de zéro. De grandes ouvertures sur les côtés suffisent souvent à apporter un éclairage naturel efficace.

« En revanche, les bâtiments très larges à deux pentes, avec des panneaux photovoltaïques notamment, même bien implantés perpendiculairement, sont limitants pour l’éclairage naturel, indique Guillaume Cailler. La partie centrale est en effet souvent sombre, et mal ventilée. Les éleveurs s’intéressent davantage aux toitures de type usine, dites « en écailles », avec une seule pente répétée plusieurs fois. Les tôles sont généralement orientées vers l’ouest, avec des dépassements de toit pour se protéger de la pluie. Du côté est, les grandes ouvertures dans la toiture laissent entrer le soleil du matin et assurent une bonne ventilation. C’est un concept performant et économique, sauf dans les régions où il existe un risque de neige en hiver. »
Les charpentes de type usine, dites « en écailles », allient ventilation et apport de lumière dans le centre de la stabulation. (© D.L.)

10 m linéaires d’abreuvoir pour 100 vaches

Le confort des animaux en été passe aussi par le respect de certaines règles. Pour l'apport en eau, par exemple, il est recommandé de prévoir 10 cm d’abreuvoir par vache présente, soit une longueur accessible de 10 m linéaires pour un troupeau de 100 laitières. Face à la répétition des pics de chaleur, de plus en plus d’éleveurs optent pour une isolation sous la toiture (lire notre article p. XX). La pose de filets brise-vent enroulables ou d’ouvertures mobiles dans le bardage offre un bon compromis pour ventiler naturellement en été, tout en protégeant les animaux des vents trop froids en hiver.

Avoir de la modularité, sans faire exploser le coût, c’est un objectif atteint en créant, par exemple, des ouvertures dans un bardage en bois. (© D.L.)
« Ajouter un système de ventilation motorisé apporte un plus, notamment les jours sans vent, reconnaît Guillaume Cailler. Dimensionner correctement l’installation n’est jamais facile, car les facteurs à prendre en compte sont nombreux : hauteur disponible, distance entre les ventilateurs, performance du matériel… Les constructeurs proposent des équipements très variés. L’éleveur a donc intérêt à bien se renseigner et à bien observer le comportement de ses animaux pendant les périodes critiques pour poser un bon diagnostic et adopter son plan d’action. »

En dernier recours, pour rafraîchir le troupeau, il existe des arroseurs et des brumisateurs, à positionner uniquement au niveau de l’aire d’attente ou du couloir d’alimentation afin de préserver la zone de couchage qui, elle, doit rester sèche.

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